La participation citoyenne, le cœur battant d’une municipalité
28 avril 2025
4 minutes de lectureCet article a été rédigé par
- Margot Boudreau
Comment faire en sorte que la population adhère aux projets municipaux et, surtout, comment mettre en œuvre des initiatives qui reflètent les besoins de la communauté qu’elles desservent
Entrevue avec Denis Lapointe, maire retraité de la Ville de Salaberry-de-Valleyfield et président de l’Association québécoise des anciennes élues et anciens élus municipaux.
La santé et le mieux-être : une mission municipale
L’environnement municipal a un impact direct sur la qualité de vie des citoyen·nes au quotidien. Cette affirmation peut sembler intimidante, mais, pour Denis Lapointe, c’est une réalité qui passe trop souvent dans l’ombre.
«Que ce soit dans une petite ville ou dans une grande ville, explique M. Lapointe, la tâche principale des élus municipaux et des fonctionnaires, c’est de faire en sorte que les gens soient heureux là où ils vivent, qu’ils apprécient leur milieu de vie et qu’ils puissent disposer de différents services. Et ça, c’est en lien direct avec les milieux favorables à la santé et à la qualité de vie.»
«En fait, poursuit-il, tous les services municipaux sont en lien avec la prévention de la santé. Que ce soit l’eau potable, le traitement des eaux usées, la qualité de l’air, la gestion des matières résiduelles, le transport en commun, l’aménagement du territoire, le développement des parcs ou des loisirs, tous ces éléments font en sorte qu’on crée un milieu de vie qui est favorable pour l’ensemble de la population.»
La santé et la qualité de vie vont bien au-delà des services de soins. En effet, lorsqu’on parle de santé, on pense souvent aux centres hospitaliers et aux soins à domicile, alors que, selon M. Lapointe, «80 % du travail d’une ville, c’est de faire la contrepartie de ce côté médical en créant des milieux de vie sains».
Pas de projets municipaux sans participation citoyenne
Lorsque M. Lapointe confie qu’un des sujets discutés au forum de consultation de la Commission de la santé et du bien-être porte sur les façons de conscientiser les citoyen·nes quant aux préoccupations de santé dans leur propre milieu de vie, il soulève un point important : celui de l’implication citoyenne.
«Si on veut que la population reste et qu’elle participe, il faut créer des milieux où chacun des services qui sont offerts est véritablement destiné aux gens qui l’habitent», soulève Denis Lapointe.
«Dans une ville, si on veut développer un projet, que ce soit pour la santé, les parcs, les activités culturelles ou sportives, il faut que les citoyens soient non seulement consultés, mais qu’ils soient aussi impliqués dans le processus de réalisation du projet.»
Selon M. Lapointe, la participation citoyenne est essentielle à la réussite de toute initiative municipale. Non seulement pour s’assurer que la population adhère au projet, mais surtout, pour s’assurer que celui-ci réponde à leurs besoins. L’ancien maire de Salaberry-de-Valleyfield partage d’ailleurs une anecdote qui vient parfaitement appuyer son point.
«De jeunes citoyens étaient venus à un conseil municipal pour demander que la ville s’implique financièrement dans la réalisation d’un skatepark. Les fonctionnaires et le conseil municipal ont développé un superbe projet et l’ont soumis aux jeunes… qui nous ont dit que ce n’est pas ça qu’ils voulaient. Ils voulaient quelque chose de beaucoup plus simple, adapté à leurs besoins.»
«On est retourné à la table à dessin, poursuit-il, en les impliquant dans le processus cette fois-là. On a réalisé un projet qui non seulement était moins coûteux que celui qu’on avait imaginé au départ, mais aussi, qui correspondait davantage à ce que les jeunes recherchaient.»
Il conclut en soulignant que, dès la fin de la construction du skatepark, l’espace a été «envahi» par les jeunes de la municipalité. Ils l’ont adopté «parce que ça leur appartenait et parce que ça venait d’eux».
Communication, crédibilité et transparence
Selon le maire retraité, en matière de projets municipaux, tout est une question de crédibilité. « Tout part de la crédibilité des gens qui dirigent une ville et qui font en sorte de lui donner une orientation, affirme-t-il. Il faut être transparent et le dire quand un projet n’est pas faisable, mais il faut aussi le dire quand on peut le faire moyennant la participation de la communauté. Ça prend une mobilisation pour pouvoir arriver à réaliser ces projets-là. »
La communication et la collaboration entre les différents acteurs du milieu sont également une pierre angulaire de la réussite des projets municipaux. « Pour que les organismes et les instances publics puissent offrir de bons services, on doit se parler et mettre nos ressources ensemble pour les réaliser.»
Finalement, il est essentiel d’être présent sur le territoire pour comprendre la réalité de la population et, ainsi, mieux la servir.
«Comme conseiller, comme élu, on doit aller sur le terrain. Il faut être près des gens pour pouvoir réaliser qu’il y a une partie des problèmes qu’ils vivent qu’on peut éventuellement solutionner en participant, en donnant le coup de main nécessaire et en impliquant l’ensemble des citoyens.»